Livres - N°156 - Décembre/Janvier 2020

Livres

Avec Dominique Potard, l’alpinisme est aux antipodes de la gloire. Son premier roman, Le Port de la Mer de Glace, est une petite révolution dans la littérature de montagne. Pour la première fois, l’univers des alpinistes est désacralisée, l’humour fait irruption dans les récits de montagne, mais toujours avec tendresse. Il est également l’auteur de Skieurs du ciel et Les refuges du Mont-Blanc.

Dans ce quatrième opus de sa série, Clint Eastwood est à nouveau porté disparu. Les troupes de la Mer de Glace, toujours en alerte « rouge » quand il s’agit de la survie d’un des leurs, se mobilisent dare-dare. Il faudra remuer mer et ciel, jusqu’en orbite, pour le retrouver.

Dominique Potard était guide de haute montagne dans la vallée de Chamonix. Il a rencontré ses personnages il y a vingt-cinq ans dans son bistrot préféré et leur a donné vie dans Le Port de la Mer de Glace. Il les connaît tellement qu’il est désormais capable de les accompagner, toujours bien pourvus en « munitions » liquides, à l’autre bout de la Terre. Le froid du Groenland ne les a pas arrêtés (Trois coqs sur la banquise), ni les mystères des entrailles du massif du Mont-Blanc (Le retour de Clint Eastwood)… 

Allô la terre ! Le Port de la Mer de Glace 4 de Dominique Potard, éditions Paulsen, 13 €

 

Ce qui concourt à la notoriété du massif est son accès facile grâce au réseau de remontées mécaniques qui permet de skier beaucoup plus qu’ailleurs et très tard en saison. Certains itinéraires à skis exceptionnels sont accessibles par gravité depuis les remontées mécaniques, ce qui est unique au monde. Pour d’autres, une montée plus ou moins longue avec les peaux sera nécessaire pour rejoindre le début de la descente. La plus belle façon de gravir le mont Blanc est de le faire à skis. Quel bonheur de chausser sur le Toit de l’Europe pour déchausser à Chamonix, 3 700 mètres plus bas, après une des plus longues descentes au monde.

Victime de son succès, le massif du Mont-Blanc est très couru par les amateurs de neige. Mais cette fréquentation se concentre sur certains itinéraires et Philippe Batoux présente les grandes classiques ainsi que des courses où la solitude est assurée. Tous ces itinéraires se pratiquent essentiellement sur glacier, mêlant les techniques de l’alpinisme et du ski. Ils sont illustrés par des photographies, sont tracés sur photos pour plus de précisions et représentés sur des cartes pour mieux préparer sa course.

Mont-Blanc Les plus beaux itinéraires à skis de Philippe Batoux, Glénat éditions, 25 €

 

Dierdre Wolownick, épouse et mère, professeure et musicienne, marathonienne et grimpeuse, est née à New York et a vécu et travaillé dans de nombreuses régions du monde. Mère de deux enfants, Stasia et Alex Honnold, elle a récemment pris sa retraite de professeure de français et d’espagnol à l’America River College. Elle vit aujourd’hui à Carmichael, en Californie.

Dierdre Wolownick a aussi gravi la paroi d’El Capitan dans le Yosemite à l’âge de soixante-six ans. Une première ; et pour réaliser cet exploit elle était encordée à un compagnon exceptionnel, son fils Alex Honnold, le célébre grimpeur de Free Solo, le documentaire oscarisé en 2019.

Dans ce récit autobiographique où elle raconte son voyage intime, cette performance sportive apparaît comme le fruit du courage et de la persévérance dont elle a fait preuve pour surmonter les épreuves qui ont jalonné sa vie.

Ce récit est un récit sur l’amour maternel, la liberté de choix et le refus de subir, mais aussi sur la confiance indéfectible dans ses enfants, en soi-même, et dans la possibilité d’une vie hors du commun.

Toujours y croire, La mère d’Alex Honnold raconte de Dierdre Wolownick, éditions du Mont-Blanc, 22 €

 

Voici la version non censurée et augmentée d’inédits de l’homme qui accompagna Maurice Herzog au sommet de l’Annapurna il y a 70 ans : Louis Lachenal.

C’était en 1950. Maurice Herzog est le premier à gravir le sommet de plus de 8 000 mètres avec Louis Lachenal. Comme cela se fait souvent à l’époque, il interdit à son compagnon, par contrat, de publier le récit de cet exploit. Lui seul le peut. Ce sera Annapurna, premier 8 000. Et le succès que l’on connaît. 1956 : les carnets que Louis Lachenal a tout juste terminé d’écrire avant sa mort sont publiés de manière posthume, entièrement revus et coupés par Maurice Herzog lui-même, qui donne de Lachenal l’image d’un fou. 1996 : Michel Guérin, un an après la création de sa maison d’édition, publie la version non censurée des Carnets du vertige de Louis Lachenal en version illustrée. La famille Herzog intente un procès. Le livre est retiré de la vente.

Aujourd’hui, il est temps de faire un pas de plus au-delà de la polémique, et d’écouter la belle voix a cappella de Lachenal. De l’Eiger à l’Annapurna s’approche au plus près du livre que Lachenal avait commencé à écrire dans les derniers mois de sa vie : tous ses textes, et seulement ses textes. Car leur puissance et leur beauté brute n’ont pas pris une ride. Il sont accompagnée par un appareillage de notes, textes introductifs, et par des dessins et documents de l’auteur fournis par sa famille.

Rappels, du mont Blanc à l’Annapurna de Louis Lachenal, éditions Guérin, 56 €

 

Dans un pays où les femmes ne bénéficient pas des mêmes droits que les hommes, gravir le plus haut sommet du monde permet à certaines Népalaises de s’élever au-dessus de leur condition. Ce livre découvre des rencontres avec neuf femmes puissantes.

Les alpinistes et les trekkeurs apprécient le Népal pour ses montagnes et le sourire légendaire de ses habitants. Ils savent, pour la plupart, la pauvreté de ce pays, mais ils ignorent le plus souvent le sort qui y est réservée aux femmes. 

Au Népal, où le suicide est la première cause de mortalité féminine, une poignée de femmes ont bravé le poids des coutumes pour réaliser leur rêve et devenir les égales des hommes. Elles sont alpinistes, Sherpanis (ethnie de la vallée de l’Everest) pour la plupart, et gravissent les plus hauts sommets du monde.

Pasang Lhamu Sherpa Akita, Maya Gurung, Maya Sherpa, Dawa Yandzum Sherpa (première femme guide de haute montagne du Népal), Doma Sherpa Pinasa, Kalpana Maharjan, Lakpa Sherpa (neuf fois l’Everest !) et Shailee Basnet (également humoriste !) ont mis leurs pas dans ceux de Pasang Lhamu Sherpa, la première Népalaise au sommet, en 1993, où elle a trouvé la mort.

Elles témoignent de leur condition, leurs aspirations, leur émancipation, dans l’intimité de conversations menées par la sociologue Anne Benoît-Janin pour la réalisation de son film Les belles envolées. Car l’Everest a donné des ailes à ces femmes. Plus haut, plus difficile que le sommet, elle font rimer ascension avec émancipation.

Les Népalaises de l’Everest d’Anne Benoît-Janin, éditions Glénat, 15,95 €

 

Entre les hommes et la montagne, c’est une longue histoire, vieille de plusieurs siècles – et certainement bien plus vieille que celle de la presse, voire de l’imprimerie. Sans doute nos ancêtres ont-ils raconté leurs exploits. Mais la tradition orale s’est perdue dans la nuit des temps, et il ne nous reste aujourd’hui que des écrits – manuscrits, livres et journaux – pour retracer l’histoire de l’alpinisme. Et la comparaison entre ces différentes formes d’expression – qui constituent autant de prismes – n’est pas sans intérêt. Dans la presse, l’événement est traité à chaud, de façon directe, parfois brutale. Dans les livres, la forme est plus policée, le propos plus mature, l’actualité prend la pose – elle devient « présentable ».

Pourtant, il s’agit de la même montagne. Le modèle est resté quasi intact, à quelques éboulements près, et nonobstant une inexorable décrépitude de sa couverture glaciaire. On peut donc apprécier à loisir les « interprétations » des générations successives, et mesurer leur évolution.

Yves Ballu, grand collectionneur de livres, journaux, photos de montagne, nous en fait la démonstration dans cet ouvrage.

Montagne sous presse, 200 ans de drames et d’exploits d’Yves Ballu, éditions du Mont-Blanc, 39,90 €

 

Ce grand classique de la littérature alpine est réimprimé dans sa version Textes et images à l’occasion des 25 ans de la maison d’édition Guérin.

Dans sa préface, Jean-Christophe Rufin note : « Lionel Terray ? Un grand écrivain. Voilà ce que l’histoire devrait retenir. Les Conquérants de l’inutile est, avant tout, un texte d’une remarquable qualité, un récit picaresque et poétique, un exemple rare et presque inégalé de littérature de montagne. »

Entre 1945 et 1965, Lionel Terray fut l’inlassable animateur de l’alpinisme français. Il a participé à nombre d’expéditions mémorables : Annapurna, Makalu, Jannu, Fizroy, Chacraraju, Huntington… 

À l’heure d’écrire ses mémoires, il remonte le fil de sa vie d’alpiniste, brosse le portrait de ceux qu’il a croisés et aimés, nous plonge dans le récit de ses ascensions souvent épiques. Et c’est effectivement un véritable écrivain qui se révèle.

Cette autobiographie richement illustrée fut le premier livre publié par Michel Guérin en 1995 et fit le premier succès de sa jeune maison.

Les Conquérants de l’inutile de Lionel Terray, éditions Guérin-Paulsen, 56 €

 

Depuis 2011, plus de dix mille photographes de cent nationalités différentes ont participé à l’International Mountain Summit qui avait lieu chaque année à Bressanone (Brixen) dans le Tyrol du sud en Italie. Quelques-unes de leurs plus belles images traduisent ici le souffle qui anime les montagnes du monde, des Alpes aux Andes, en passant par l’Himalaya, le Groenland, la Nouvelle-Zélande ou l’Afrique. Tout en témoignant des expériences et des émotions qu’ils ont vécues en ces hauts lieux, leurs photos contribuent à enrichir la connaissance des territoires de montagnes et soulignent la nécessité de protéger ces espaces naturels et précieux.

Le souffle des montagnes, International Mountain Summit, Glénat éditions, 28 €

 

La vie de Pascal Brun s’écrit dans le ciel de Chamonix. En un peu plus de trois décennies, il s’est imposé comme l’un des pilotes d’hélicoptères les plus expérimentés du massif du Mont-Blanc, celui qu’on appelle quand tout a été essayé, quand tout semble perdu. Ainsi s’est forgé son surnom : le « Joker ». virtuose, il vole tel un choucas, brave la tempête, pose une poutre au millimètre sur un refuge en construction. Aujourd’hui, il tente de transmettre cette passion à ses proches, dans la joie et parfois le drame.

François Suchel, commandant de bord à Air France, embarque dans l’Ecureuil de Pascal Brun pour esquisser son profil. Il survole avec lui les splendeurs du massif du Mont-Blanc et explore l’envers du décor chamoniard, des exploits d’hier au labeur quotidien des travailleurs de l’or blanc.

Ce livre est un voyage, un portrait, une « histoire parallèle » des grandes aventures du massif du Mont-Blanc, et une rencontre émouvante entre deux as des airs. 

Le Joker Pascal Brun, pilote du Mont-Blanc de François Suchel, Guérin, 22 €

 
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