Pays du mont Blanc - N°110 - Avril/Mai 2013

Rencontre avec Jean-Marc Peillex, président de la Communauté de communes Pays du Mont-Blanc

 

Elu à la présidence de la toute nouvelle Communauté de communes Pays du Mont-Blanc (un «club des 10» qui regroupe Combloux, Les Contamines-Montjoie, Cordon, Demi-Quartier, Domancy, Megève, Passy, Praz-sur-Arly, Saint-Gervais et Sallanches), Jean-Marc Peillex, le premier magistrat saint-gervolain, a pris ses fonctions en début d’année pour un mandat très court – jusqu’aux prochaines municipales de 2014. Mais en bâtisseur, il entend bien œuvrer concrètement, même si le délai imparti est réduit et même s’il est le premier à tirer à boulets rouges sur cette intercommunalité «forcée», imposée par «des politiciens qui n’ont aucune connaissance approfondie du territoire». Fidèle à son franc-parler, il nous détaille sa feuille de route pour les prochains mois.

 

JdP – Est-ce une satisfaction personnelle d’occuper ce poste de président ?

J.-M. Peillex – Il ne faut pas appréhender les choses de cette façon. J’ai été élu à ce poste compliqué parce que l’on m’a demandé de me présenter. C’est le résultat d’une demande des dix communes et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’y a pas eu d’autres candidats pour cette élection. Nous nous sommes tous mis d’accord sur un mode de gestion et j’assume donc ma mission dans ce sens-là.

Dans quel état d’esprit avez-vous donc pris vos fonctions ?

En sachant tout d’abord que nous n’avons pas le choix. Personnellement, je ne suis pas un grand fan des communautés de communes car je pense que la France se trompe en voulant réformer son territoire de la sorte. Il existe d’autres manières de le faire. Plus intelligentes et plus adaptées. Mais tant que les réformes ne seront pas menées par des gens qui connaissent le territoire, il en sera ainsi. Cela dit, les habitants doivent être conscients qu’il ne s’agit pas d’un simple changement de nom du Syndicat mixte Pays du Mont-Blanc mais bien d’une nouvelle structure, comparable à une commune.  C’est une entité à part entière.

Avec quelles compétences précisément ?

Nous avons repris toutes les compétences qui étaient dévolues au Syndicat mixte (dossiers transfrontaliers, transport scolaire, chenil, aire des gens du voyage, etc.) mais nous en avons ajouté deux nouvelles : le transport à la demande ainsi que la collecte et le traitement des ordures ménagères. L’objectif est de faire aussi bien – voire mieux – pour moins cher, afin de permettre soit des investissements, soit une réduction des charges pour les usagers.

De quels moyens allez-vous disposer ?

Quand il y a transfert de compétences, la nouvelle collectivité «hérite» automatiquement de toutes les installations, du matériel et du personnel titulaire. Mais il faut aller au-delà de la simple juxtaposition. Prenons l’exemple des ordures, l’objectif n’est pas de dire «juxtaposons la collecte des Contamines avec celle de Saint-Gervais». Non. Les deux communes disposent chacune d’un camion et l’on peut très bien imaginer n’organiser qu’une seule tournée avec un seul camion. Ce qui permettrait de gagner en matériel. Idem pour le personnel, qui pourrait très bien travailler par bassin et non plus par commune. Il est impératif de rationaliser tout cela. D’un point de vue environnemental, nous serons plus efficaces et, à l’arrivée, le coût sera peut-être moindre pour les usagers.

Pensez-vous sincèrement que cette intercommunalité se soldera par des économies ?

Non. Une communauté de communes, c’est, comme je l’ai dit, une entité nouvelle. Et pour la structurer, nous allons passer de 25 à 50 personnes, avec des postes à créer (directeur des services techniques, directeur des ressources humaines, etc.). Pendant ce temps, aucune des dix communes concernées ne va diminuer son personnel. Et c’est bien là le nœud du problème. L’intercommunalité nous permet, certes, de travailler un peu plus ensemble, mais ceux qui l’ont inventée n’ont pas pensé au coût engendré. Ils nous serinent en nous disant qu’il faut rationaliser les dépenses de fonctionnement alors que nous sommes contraints à en rajouter.

Le territoire de la Communauté de communes Pays du Mont-Blanc est riche de ses disparités. Comment allez-vous vous en accommoder ?

Il y a des disparités évidemment. Mais là n’est pas le principal problème. Au cœur même d’une commune il existe déjà des différences. Prenez l’exemple de Passy. Les attentes varient selon que l’on est au chef-lieu, à Marlioz, Chedde ou au Plateau. Idem à Saint-Gervais, avec le centre, le Bettex, le Fayet ou Saint-Nicolas. Il faut avant tout  respecter les territoires et ne pas uniformiser des réponses pour imposer la vision urbaine des agglomérations à des petites communes par exemple. Nous allons essayer d’apporter des services supplémentaires sur l’ensemble du territoire, avec pourquoi pas une mise en commun des moyens de police municipale. De cette façon, des communes comme Praz ou Demi-Quartier, qui ne disposent pas de policiers municipaux, pourraient  bénéficier d’un service de police municipale sans que nous soyons obligés d’en créer un dans chacune des communes.

Comment allez-vous travailler avec l’autre communauté de communes du secteur, celle de la vallée de Chamonix Mont-Blanc (Chamonix, Les Houches, Servoz, Vallorcine) ?

Une conférence d’entente se réunira tous les trimestres pour aborder les sujets que nous avons à gérer ensemble. Il faut toutefois savoir que l’Etat, dans la deuxième phase de la réforme territoriale en 2017, va nous imposer de refaire une communauté de communes à 14. Donc, j’ai envie de dire : «Tout ça pour ça.» Ça me fait «sourire» de voir ce «bidule» qu’on nous a inventé. 

 
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Suite à notre article sur la destitution du Père Vesin à Megève, M. René Stevens de Marignane (propriétaire Saint-Gervais) nous a adressé la remarque suivante.

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