Portraits - N°115 - Février/Mars 2014

Tiphaine Beaumont : «Aller tout droit et ne s’arrêter qu’une fois en bas, c’est grisant»

La Houcharde est vice-championne du monde junior de ski de vitesse.

Peur, elle, jamais ! Ni quand il s’agit de faire des cabrioles sur sa jument Havane. Ni quand elle se jette «dans le vide» pour dévaler les pistes de ski de vitesse. Tiphaine Beaumont aime croquer ses deux passions à pleines dents, sans la moindre anxiété. «C’est vrai que j’appréhende peu. Je ne stresse jamais», confie cette grande blonde élancée, qui fêtera ses 18 ans en mai. Avec peut-être en poche un titre de Championne du monde junior de Kilomètre Lancé. «Pour l’instant je ne suis “que” championne de France et vice-championne du monde, derrière la Suédoise Britta Backlund, analyse Thiphaine, qui a mis les spatules un peu par hasard dans cette discipline qui décoiffe. C’est le père d’une des élèves de ma classe qui m’a invitée sur une course à Andorre et je l’ai gagnée !» Après un démarrage aussi tonitruant, la kaéliste en herbe a évidemment continué et très vite rejoint les rangs de l’équipe de France, au sein du team junior (jusqu’à 20 ans). «Nous évoluons sur les mêmes pistes que les seniors, mais notre départ est plus bas car en course, notre vitesse est limitée à 170 km/h.» Une barre que Tiphaine a déjà franchie, hors circuit CM, à Verbier, en poussant jusqu’à 179,81 km/h ! «J’adore aller tout droit et me dire que je ne m’arrêterai qu’une fois en bas. C’est grisant», confesse-t-elle sourire en coin.

Un manque de moyens et de reconnaissance

«C’est une sensation bizarre. Il y a de l’adrénaline, de la maîtrise mais aussi une part d’inconnu. Car on sait qu’il suffit d’une petite aspérité sur la piste…» Un ski qui part et hop, c’est la chute quasi assurée. Notre athlète houcharde croise les doigts. Pour l’heure, elle a échappé au gadin. Mais cette perspective ne l’effraie pas trop, elle qui baigne dans le ski depuis son plus jeune âge. Slalom, télémark et même saut  – aux côtés de la championne contaminarde Coline Mattel –, Tiphaine Beaumont a goûté à tous les plaisirs de la glisse avant de jeter son dévolu sur le KL. Peu importe si la discipline manque cruellement de moyens et de reconnaissance. «Dans la vallée de Chamonix, je suis la seule. Le Ski Club des Houches prend en charge une infime partie des déplacements (Vars, Andorre, Canada, Suède). Pour le reste, c’est mon père qui finance la majorité des dépenses.» Côté entraînement, là aussi, c’est le règne de la débrouille. «Je gère moi-même mon planning physique. Quand il n’y a pas trop de monde sur les pistes des Houches, je me mets en position de recherche de vitesse, je fais des tout droit, sur la bleue et la rouge de Grands Bois, sur tous les plats. Certains adultes nous donnent des conseils par mail sur ce qu’il faut travailler. Notamment les jambes, les abdos et les bras, qui sont un paramètre très important. Il faut être gainé le plus possible pour que le vent ne puisse pas s’engouffrer.» Et puis il faut farter, farter, farter …  LA clé pour qui veut obtenir des skis qui «envoient». Ceux de Tiphaine affichent un bon 2,15 m avec des fixations réglées à 14 (140 kg). «Dans ma catégorie – la descente – nous sommes équipées comme les descendeurs en alpin. Alors qu’à un échelon supérieur, en Speed One, là les coureurs ont une combinaison ultra-moulante avec des ailerons, un casque profilé et des skis de 2,38 m. Ils vont plus vite et partent de plus haut.» Ce que Tiphaine aspire réaliser un jour, mais juste pour le plaisir. 

Taureau ascendant … cheval

«De toute façon, on ne peut pas vivre de cette discipline», reconnaît celle qui est actuellement en train de passer une à une les étapes devant mener à son BE de monitrice de ski, même si ses véritables ambitions professionnelles sont ailleurs. Et d’annoncer. «Après mon bac S, que j’espère décrocher cet été, j’aimerais rentrer dans une école d’ostéopathes équins. Les candidats sont sélectionnés sur la base de leur motivation.» Et en la matière, celle de Tiphaine est débordante, elle qui, depuis qu’elle est haute comme trois pommes, ne rêve que d’une chose : monter sur un cheval, SON cheval. Un rêve qui, après des années d’apprentissage sur ses ânes [NDLR : son père est le créateur de la Compagnie des ânes à Vaudagne] est devenu réalité lorsqu’elle a pu acquérir, il y a deux ans, sa Selle Français Havane. «Le cheval, c’est ma passion première. J’ai toujours adoré m’occuper des animaux. A la maison nous avons neuf ânes, un lama, deux chiens, deux chats, un oiseau... » Une ménagerie du bonheur au sein de laquelle notre taureau ascendant… cheval a évidemment trouvé toute sa place. Naturellement.

 

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