Pays du mont Blanc - N°89 - Octobre/Novembre 2009

Risques d'avalanches : «A des années lumière des démarches de sécurité pratiquées en Suisse et en Autrich

Lors de sa quatrième conférence, l’AIRAP (Association pour l’information sur les risques d’avalanches urbaines et leur prévention) a une nouvelle fois stigmatisé les lenteurs de l’Etat français, même si des avancées notables ont été constatées sur le terrain communal.

mb89-8.jpg«C’est comme si la catastrophe de Montroc et ses douze victimes avaient été oubliées, reconnaît Jean-Claude Bourdais, le vice-président de l’AIRAP. Dix ans après les faits, on est encore en train de se battre entre ministères pour faire respecter telle ou telle décision. Nous sommes à des années lumière de la vraie démarche de sécurité telle que pratiquée en Suisse et en Autriche.»  Deux pays eux aussi profondément meurtris après de funestes avalanches, au cours de ce même hiver 1998- 1999. Mais là-bas, les choses ont énormément bougé depuis. L’arsenal législatif a été modifié ainsi que le type de protection, comme l’ont indiqué, à la table de conférence de l’AIRAP, deux experts helvète et autrichien. Venu en voisin depuis Martigny, James Médico a ainsi exposé la manière de procéder des Valaisans pour établir leur carte des dangers d’avalanches et détaillé la part importante du budget cantonal consacrée aux ouvrages de protection : 25 millions de francs suisses par an (+ de 15 M€), uniquement pour le Valais. A Galtür, petite station tyrolienne, là aussi les paravalanches ont fleuri depuis la terrible coulée du 23 février 1999 (31 morts), dont Rudi Mair a décortiqué les conditions de déclenchement, le tout illustré par un impressionnant film de simulation de la BBC. On y voit ainsi la vague blanche meurtrière débouler à plus de 300 km/h, explosant tout sur son passage. Terrifiant.

Protéger ET évacuer

«Après ces drames, la Suisse comme l’Autriche se sont remises en question. Mais chez nous, pas grand-chose n’a bougé, regrette Jean-Claude Bourdais. Qui plus est, dans ces deux pays, protection et évacuation vont de pair. Alors qu’en France, dès qu’apparaît le mot “évacuation”, tout le monde lève les bras au ciel. Pourtant, évacuer les populations, cela se fait aux quatre coins de la planète. Regardez par exemple la Floride, où les mesures concernent parfois 2 millions de personnes !»
Le vice-président de l’AIRAP reproche également aux instances françaises de ne jamais recourir à la modélisation. Ce qui n’est pas le cas des Autrichiens. «Quand ils ont une incertitude sur une avalanche ou un couloir, ils modélisent. C’est une aide à la réflexion très forte.»

En attendant le PPR

Côté doutes, rappelons que l’AIRAP – s’appuyant sur les constats de «son» expert, Richard Lambert – a, depuis longtemps, souligné la nécessité de revoir une quarantaine de couloirs de la vallée de Chamonix. «Sur trois d’entre eux, que nous avons pu réétudier à fond avec les services de la préfecture, nous avons montré que nous avions raison. Il y a eu des modifications cartographiques à la clé. Ce qui laisse augurer les résultats pour le reste des couloirs...»
Voilà qui ne facilitera pas la tâche du (nouveau) préfet qui, deux ans après l’enquête publique sur les PPR chamoniard et houchard, n’a toujours pas validé les deux documents. «La position préfectorale est également bloquée par les valses-hésitations du ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer concernant les zones jaunes, ajoute Jean-Claude Bourdais. Pourtant ces dernières ont bel et bien été actées dans le droit français, comme en atteste une réponse du ministre de l’Intérieur publiée dans le Journal officiel du Sénat en mars dernier.»
En attendant le fameux seing préfectoral, l’AIRAP se réjouit toutefois des avancées effectuées sur le terrain communal. «Les mairies houcharde et chamoniarde reconnaissent déjà les zones d’aléa maximal vraisemblable et, à Chamonix, le maire a même pris la décision d’informer tous les propriétaires dont les biens sont situés en zone jaune.» Mais l’association en veut plus et demande ainsi un marquage extérieur des chalets situés dans ces périmètres. Elle réclame également une meilleure mise à jour des informations dans l’automate d’alerte (mis en service l’hiver dernier), une activation du Plan communal de sauvegarde – en termes d’exercices – ou encore l’ouverture d’un registre, consultable par tous en permanence. «Cela permettrait à chacun de faire connaître certaines informations, même sous couvert d’anonymat et pour peu que les lieux soient identifiables.»
L’AIRAP invite par ailleurs les élus locaux à recourir au double, voire triple, regard sur les zones à risques, une démarche d’ores et déjà entreprise à Châtel, où les autorités ont fait appel à un collège d’experts internationaux (français et suisses) pour un complément d’analyses sur certains secteurs bien précis. Enfin, côté démarches, l’Association a engagé une réflexion en vue d’éventuelles actions auprès des instances européennes.

Photo de Richard Lambert : l’avalanche de Montroc avait fait douze victimes, en février 1999.

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